Écrire puisque personne n'est là pour m'entendre

( Saurais–je dire ? )

Écrire pour ne pas garder ce cri

Pus de gangrène sur une plaie qui suppure

Écrire comme on se vide exsangue

Et blême

Écrire avec son sang avec ses tripes

Comme on vomit bile amère

Vertige où l'on se noie

Écrire comme hurlent les loups, solitaires

Et cruellement mortels

Écrire pour allumer la nuit un espace chaud

Ou vivant, ou éclairé tout simplement

Écrire pour souffrir au grand jour enfin

Écrire comme on crache sur le blanc implacable du jour

- Crachats de sang et de violence -

Écrire comme on gifle comme on frappe

Écrire avec cette salive aigre qui brûle la bouche

Violer le papier prostituer l'encre

Arracher les mots lambeau par lambeau

Écarteler son âme en racler la boue

Griffer les murs de sa vie briser les fenêtres

Tout jeter dans des mots rugissants

Prisonniers libérés avides de rage

De colère, de haine de vie

Et enfin s'apaiser

Glisser

Lovée, lavée, roulée dans le sommeil

Et dormir

Vide propre et paisible.

 

 

 

Anne Mauchamp

fermer cette page - - retour sommaire